M. Jackson Ndikuriyo, ancien policier, a été victime d’une exécution extrajudiciaire le 26 août 2010, après avoir été arrêté par la police. Fin 2009, il avait dénoncé publiquement la corruption qui sévissait au sein de la Police Nationale du Burundi. Placé en détention de manière arbitraire, sans aucune inculpation, de décembre 2009 à janvier 2010, il a continué à faire entendre sa voix, ce qui a amené à sa révocation de la police en août 2010. Face à la pression grandissante et aux menaces de morts par des membres de la police nationale, M. Ndikuriyo a été contraint de vivre dans la clandestinité, ce qui n’a pas suffi à le protéger.
Le décès de M. Ndikuriyo « fut une énorme perte pour notre famille, qui comptait beaucoup sur lui », nous rappelle un proche. Feu Ndikuriyo a d’ailleurs laissé trois enfants. Albert (nom d’emprunt) s’est montré très content d’apprendre le contenu de la décision de la Commission africaine. « C’est vraiment une très bonne nouvelle pour moi d’apprendre qu’une instance internationale a reconnu la réalité des violations que le défunt et nous autres membres de sa famille avons subi. C’est un réel soulagement même si cela ne ramène pas le nôtre qui a disparu», a exclamé Albert, lorsqu’il a pris connaissance de la décision.
« Nous n’avons même pas eu le droit de l’enterrer dignement », ajoute Albert. En effet, la famille n’a jamais pu voir la dépouille de Feu Ndikuriyo ni même organiser d’enterrement digne malgré ses demandes réitérées en ce sens.
La Commission africaine a par ailleurs conclu que le traitement subi révèle « des actes de torture morale » qui ont été perpétrés non seulement à l’encontre de M. Jackson Ndikuriyo, mais aussi de sa famille. Sa famille se demande ainsi si elle pourra un jour bénéficier de réparations… Or, dans sa décision, la Commission africaine demande en effet aux autorités burundaises de « mener une enquête approfondie […] sur l’exécution de la victime » ainsi que « d’accorder aux ayants droits […] une réparation adéquate et suffisante ainsi que l’assistance médicale et psychologique nécessaire ». Cependant, la mise en œuvre de cette décision dépend finalement de la volonté politique des autorités burundaises.
L’ACAT-Burundi, l’APRODH, le FOCODE, le FORSC et TRIAL International appellent les autorités burundaises à mettre en œuvre les décisions de la Commission africaine qui leur sont adressées, dont celle-ci. Il est primordial que le Burundi s’engage promptement dans un processus de justice crédible et durable pour que les responsables de crimes graves soient poursuivis et les victimes puissent obtenir réparation.
Lire la décision de la Commission africaine ici (disponible seulement en français)